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Marie-Andrée Gauthier

Avoir un quotidien le plus féministe possible, c’est vers ça que je veux tendre

Je suis féministe de manière active, depuis 2008. Je sais la date parce que c’était le premier rassemblement de jeunes féministes au Québec. C’est un mouvement pancanadien qui se réunissait à Montréal, qui s’appelait « Toujours RebElles », c’étaient des féministes de partout au Canada qui se réunissaient là. C’était gros comme événement, c’était vraiment impressionnant. Il y a eu 500 jeunes féministes de tout le Canada, de 18-35 à Montréal. Que des femmes. De l’est à l’ouest. C’est là que j’ai commencé à tout apprendre. Ça a allumé la flamme.

Paroles de GéanteMarie-Andrée Gauthier

Marie-Andrée Gauthier
© M. Mario Faubert

J’ai rencontré Marie-Andrée Gauthier lors d’une soirée-débat organisée par la Concertation des Luttes contre l’Exploitation Sexuelle (CLES). Marie-Andrée animait la table-ronde sur l’abolition de la prostitution. Elle abordait avec les intervenantes les idées reçues sur l’abolition qui freinent les militantes, ou encore les liens entre prostitution, violences sexuelles et pornographie.

À côté de son engagement associatif, Marie-Andrée est salariée au Réseau des Tables régionales des groupes de femmes du Québec, organisme qui coordonne les espaces régionaux de concertation (tables), dans lesquels se regroupent les groupes de femmes qui défendent les conditions de vie des femmes dans l’ensemble du Québec.

Nous nous sommes revues suite à cette rencontre. Elle nous a donné des clés de compréhension sur le réseau féministe québécois, et sur les liens entre les organismes féministes de terrain et les institutions provinciales. Et nous a parlé de son engagement militant.

Tu as notamment animé le 5 octobre une soirée-débat organisée par la CLES, sur l’abolition de la prostitution. Les panélistes ont toutes insisté sur les liens entre pornographie, prostitution et violences sexuelles, industrie du sexe… Peux-tu m’en dire plus ?

Ces trois sujets impactent plus les femmes. L’homme c’est celui qui a le pouvoir, qui est agresseur, qui en bénéficie.

Il ne faut pas oublier non plus que l’intersection des oppressions a un grand rôle : plus une femme est à l’intersection de plusieurs oppressions, plus elle est touchée par ces violences. La CLES a fait une recherche**, avec un portrait d’une centaine de femmes dans la prostitution ou en étant sorties. Le fait d’avoir vécu des agressions sexuelles en enfance avait clairement un lien avec l’entrée dans la prostitution. Il y a des vulnérabilités qui se cristallisent. Et il y a toute une banalisation autour de tout ça. C’est la culture du viol.

En parallèle de ton activité au Réseau des Tables, tu es engagée à la Concertation des Luttes contre l’Exploitation Sexuelle (CLES). Comment as-tu connu cet organisme, et comment l’as-tu rejoint ?

Quand j’étais intervenante dans un Centre d’Aide et de Lutte aux Agressions à Caractère Sexuel (CALACS) ; la majorité des CALACS ont une position abolitionniste parce qu’elles voient la prostitution comme étant une violence sexuelle à la base. Comme ça que j’ai commencé à m’intéresser à la Concertation des Luttes contre l’Exploitation Sexuelle (CLES). Ma copine a aussi beaucoup d’amies dans le milieu abolitionniste, donc on en parlait, et ça allait de soi d’être abolitionniste. J’étais membre de la CLES depuis longtemps, mais étant hors de Montréal, c’était plutôt dur de m’impliquer activement.

J’allais aux activités qu’elles organisent, comme la marche contre le Grand Prix de Formule 1*, événement autour duquel il y a tout un tourisme sexuel. Ça vient avec la culture de consommation. C’est un luxe la Formule 1, donc ça vient avec cette idée qu’on peut acheter le corps des femmes. Et beaucoup de femmes sont objectivées pendant le Grand Prix. Il y a des expositions de voitures de luxe, donc il y a des femmes avec les voitures de luxe… C’est toute cette culture-là.

Quand je suis venue travailler à côté de Montréal je suis allée à l’Assemblée générale de la CLES. Depuis un an je suis plus active.

LIRE

Le portrait d’Élaine Grisé, militante pour l’abolition de la prostitution

Ces derniers temps au Québec et partout dans le monde, il y a eu le hashtag #moiaussi. C’était assez intense.

Que penses-tu de ce mouvement ?

Ce mouvement qui s’est créé sur les réseaux sociaux ouvre les yeux à bien des gens, qui voient que toi aussi, toi aussi, toi aussi. Ça montre la problématique rencontrée par les femmes. On s’en doute qu’il y a d’autres femmes, on s’en doute, mais là on l’a vu. Chapeau ! Ces femmes-là, c’est des battantes, c’est des courageuses !

Et toi, depuis quand es-tu féministe ?

De manière active, depuis 2008. Je sais la date parce que c’était le premier rassemblement de jeunes féministes au Québec. C’est un mouvement pancanadien qui se réunissait à Montréal, qui s’appellait « Toujours RebElles »***, c’étaient des féministes de partout au Canada qui se réunissaient là. C’était gros comme événement, c’était vraiment impressionnant. Il y a eu 500 jeunes féministes de tout le Canada, de 18-35 à Montréal. Que des femmes. De l’est à l’ouest.

J’ai fait partie de la délégation qui allait écrire un manifeste des jeunes rebElles. C’est là que j’ai commencé à tout apprendre. Ça a allumé la flamme. Je suis devenue membre de la FFQ, j’ai milité dans des groupes de féministes radicales… À partir de 2008 c’était parti.

Ton engagement féministe, par quoi passe-t-il, au-delà de ton travail ?

Il passe aussi par ma vie au quotidien. Il faut qu’il y ait une cohérence entre les différents pans de notre vie. C’est mon défi, c’est ma préoccupation, c’est vers ça que je veux tendre : avoir le plus possible un quotidien féministe. Et professionnellement, être payée pour être féministe, c’est un privilège, définitivement.

Propos recueillis auprès de Marie-Andrée Gauthier, le 20 octobre 2017, à Montréal

Notes et références

* Le Grand Prix de Formule 1, qui se tient à Montréal depuis 1977, est dénoncé par des associations féministes, notamment la CLES, le Y des femmes et le Comité d’action contre la traite humaine interne et internationale, car il fait exploser chaque année la prostitution dans la capitale. En 2017, à l’occasion des 40 ans du Prix, une campagne de sensibilisation, « Un trop Grand Prix pour les femmes et les filles » a été menée par ces trois associations.

** En 2011, la CLES sort un « Portrait de l’industrie du sexe et des besoins des femmes ayant un vécu en lien avec la prostitution », réédité en 2014, note notamment que « de plus en plus de femmes issues des communautés culturelles diverses se retrouvent dans l’industrie. Nous les retrouvons surtout dans les salons de massage où l’origine ethnique des employées est régulièrement mise de l’avant, ainsi que les soi-disant caractéristiques racialo-sexuelles qui y sont associées (asiatique soumise et gentille, afro-américaine ou caribéenne chaude, latina bombe sexuelle, etc.), et en nombre moindre dans les agences d’escortes. ». Lire l’ensemble du rapport

*** Lire le manifeste du rassemblement pancanadien des jeunes féministes Toujours RebELLEs

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